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FESTIVAL DU CINÉMA INTERNATIONAL
EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
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Revivez l'atmosphère du 25e



Revivez l'atmosphère du 26e



Revivez l'atmosphère du 27e



Revivez l'atmosphère du 28e



La Dépêche numéro 57



Le 30e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue




Tout ce que tu possèdes de Bernard Émond




32e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue




33e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue




34e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue




Le 35e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue





Le 36e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue



















Le Festival du cinéma international
en Abitibi-Témiscamingue
Les coulisses de la 36e édition
 
L'ATMOSPHÈRE DU FESTIVAL AU JOUR LE JOUR
EN SCÈNE, EN COULISSE…
EN COMMENÇANT PAR LA FIN


JOUR 6
JEUDI, 2 NOVEMBRE 2017

Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue

 
LES LAURÉATS
Cette année, le Grand Prix Hydro-Québec a été remis à Un profil pour deux de Stéphane Robelin, présenté jeudi le 2 novembre en après-midi. Cette comédie romantique met en vedette Pierre Richard dans une histoire d'amour remplie de quiproquos. Juste et à la hauteur, le jeu de Pierre Richard rend d’autant plus véridique cette réalité d’aujourd’hui, celle de vouloir plaire. Le prix a été dévoilée par madame Michèle Beaulé, représentante du public, qui se mérite du même coup, un voyage à la Baie-James, une gracieuseté d’Hydro-Québec.


La Nouvelle-France
 
 

Le long métrage Hochelaga, terre des âmes est une fresque historique nous replongeant à l'époque des rois de France et de l'Amérique du Nord.
 

Le Prix Télébec a quant à lui été remis au moyen métrage Bagages du réalisateur Paul Tom. Bagages donne la parole et la scène à des adolescents nouvellement arrivés à Montréal et qui fréquentent l’école secondaire Paul-Gérin-Lajoie d’Outremont. On découvre leur récit de migration et d’intégration à travers des ateliers d’art dramatique, des mises en scène théâtrales et des entrevues. Ils témoignent d’un «ailleurs» et d’un «avant» qui deviendront «ici» et «maintenant». Ils sont jeunes, mais ils parlent de leur parcours avec une sagesse déconcertante, une émotion à faire trembler les plus durs et une authenticité désarmante. Le jury, profondément touché par l’œuvre, souligne l’angle unique avec lequel le sujet de l’immigration fut abordé. La réflexion qu’il suscite, la sensibilité et la vérité qui se dégage du film ont convaincu le jury. Le public a chaudement applaudi la décision du jury. Lors de sa présentation dimanche le 29 octobre dernier, le public avait alors offert une ovation sentie aux membres de l’équipe de tournage de même qu’aux trois protagonistes adolescents présents pour présenter le film. Ces derniers ont reçu une incroyable vague d’amour de la part des spectateurs au Théâtre du cuivre, mais également des adolescents des écoles d’Iberville, Noranda School et de Kirkland Lake qui ont assisté à une projection spéciale lundi le 30 octobre. Des moments magiques qui marqueront la mémoire du Festival.

Le prix Robert-Claude Bérubé, du jury Communication et Société a quant à lui été remis à BURN OUT ou La servitude volontaire  de Michel Jetté. Les membres du jury ont été saisis par la qualité de la réflexion critique ainsi que la créativité de la proposition mise en œuvre pour communiquer cette réflexion. Ils ont souligné la qualité et la justesse de l’interprétation et la puissance des images, d’une esthétique plus brute et efficace.

Le Prix animé RNC MÉDIA a été décerné à Les as de la jungle de David Alaux. Les personnages colorés, l’histoire attachante et l’humour de l’œuvre ont contribué à diriger le choix du public vers ce film.

Les bourses Relève Desjardins ont été remises aux films Mélisse et Citronnelle d’Alex Alisich, étudiant au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et Fidèle de Sophie Chaffaut et Jan Delclerck, étudiants à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Les jurys saluent la volonté de bousculer, l’expérience de la poésie et la place laissée à l’expérimentalité de la première œuvre et ont souligné l’excellence de la réalisation et la qualité technique de la seconde.

Le volet Espace court a été couronné de succès, accueillant un très grand nombre de spectateurs lors des deux soirées de projection  au Petit Théâtre du Vieux Noranda. Le court Garage de soir de Daniel Daigle s’est vu remettre le Prix Télé-Québec, résultant d’un vote du public, pour le meilleur court métrage québécois. L’ambiance fraternelle du film, la simplicité de la mise en scène jumelée à la complexité du propos ont charmé le public.



Antoine-Olivier Pilon dans Junior Majeur
 
 

Junior majeur, avec Antoine-Olivier Pilon, est le film d'ouverture du 36e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue.
 

LE FESTIVAL
«DEBOUT» EN BOUT

Pour sa 36e édition, le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue à Rouyn-Noranda a fait preuve d'une belle vitalité. Il a réussi à programmer un florilège de tous les genres cinématographiques, ce qui a attiré plus que jamais des publics très différents:

allant des jeunes sportifs soucieux d'atteindre un jour la plus grosse ligue comme les vedettes du film d'ouverture Junior Majeur, public en grande forme pour saluer debout une oeuvre tournée en partie à Rouyn-Noranda;

aux parents et enseignants désireux de voir traiter sur l'écran les problèmes de scolarisation périlleuse en milieu urbain difficile avec Les grands esprits du réalisateur Olivier Ayache-Vidal qui était de retour au Festival pour présenter son long métrage en compagnie de l'acteur François Petit-Perrin et d'Armand Lafond de chez Axia Films;

en passant par les passionnés de la caméra, enthousiasmés par le magnifique documentaire Labrecque, une caméra pour la mémoire réalisé par Michel La Veaux sur le grand cinéaste Jean-Claude Labrecque faisant revivre trente ans de cinéma;

tout en abordant des thèmes plus personnels comme celui des enfants abandonnés à la naissance dans un film à petit budget intitulé Tadoussac ou encore la relation troublante entre une jeune femme non croyante attirée par le charme d'un jeune prêtre dans La confession;

sans oublier deux oeuvres originales belges: Many Heavens qui valut au réalisateur trois minutes d'ovation debout et Une famille syrienne traitant des malheurs actuels d'un pays dévasté par la guerre;

avant de terminer par la touche nostalgique québécoise avec le film tiré du premier livre de Félix Leclerc Pieds nus dans l'aube par son fils Francis qui mérita bien lui aussi l'ovation debout saluant son travail et la prestation de Roy Dupuis présent pour la 5e fois au Festival.


La Nouvelle-France
 
 

Le long métrage Hochelaga, terre des âmes est une fresque historique nous replongeant à l'époque des rois de France et de l'Amérique du Nord.
 

Enfin, chacun attendait le film de clôture Hochelaga, Terre des âmes du Québécois François Girard, fresque historique réalisée pour le 375e de Montréal, choisi pour représenter le pays en 2018 dans la course à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, et qui le mérite pour la manière originale d'aborder le partage d'une même terre par des peuples différents. Un tel film ne se raconte pas, il se voit, vous imprègne et ne vous lâche pas jusqu'au bout.

François Girard, qui produit peu, mais réfléchit longtemps, a su traiter son sujet avec une nouveauté et une maîtrise qui lui ont valu une ovation debout, les festivaliers concluant cette 36e édition dans la même posture qu'au départ. Une édition aux nombreuses ovations debout, de bout en bout.



La Nouvelle-France
 
 

Le long métrage Hochelaga, terre des âmes est une fresque historique nous replongeant à l'époque des rois de France et de l'Amérique du Nord.
 

L'HISTOIRE EN AVANT PLAN
C'est encore une fois avec une ovation debout que les festivaliers ont manifesté leur grande appréciation du film de fermeture Hochelaga, Terre des âmes. «C'est un peu émouvant», a confié Samian à l'animateur Martin Guérin sur la scène alors qu'on se préparait à une période de questions avec les spectateurs. «Juste le fait de présenter ce film à ma famille, c'est très touchant. J'avais hâte. Il y a eu des belles premières, des grandes premières à Montréal, à Toronto aussi, mais l'Abitibi pour moi ça reste mon coin de pays, c'est d'ici que je viens et puis je suis très très très fier…», a poursuivi Samian interrompu par des applaudissements.

Ce sont des historiens qui posèrent les premières questions de la salle : «Dorénavant, j'aurai vraiment un film contemporain à présenter à mes étudiants», s'est réjoui l'un d'entre-eux. Une membre de la famille de Samian a pris la parole pour dire à quel point «on est fier de toi», touchant droit au coeur l'acteur de la Première Nation Abitibiwinni.

L'acteur Gilles Renaud a aussi pris la parole sur scène: «Ça été un grand bonheur de tourner dans ce film. J'ai appris tellement de choses sur ce tournage. J'ai eu autant de plaisir que vous de le revoir; c'est un film extraordinaire. Je peux en parler parce que mon rôle n'est pas très important, mais assez pour qu'on m'invite au Festival pour la 6e fois.», a plaisanté le comédien sous les rires et les applaudissements de la salle.

Enfin, avant d'aller célébrer dans le foyer du Théâtre du cuivre, on a donné le mot de la fin à Samian: «Ce que je trouve intéressant c'est que les historiens se sont levés pour commenter, pour poser des questions, on souhaite réellement que ce film fasse le tour des écoles secondaires, des cégeps, des universités, je pense qu'il y a un côté pédagogique à tout ça. Savoir d'où on vient pour savoir où on va, François a très bien réussi», a conclu Samian.




La Nouvelle-France
 
 

Le long métrage Hochelaga, terre des âmes est une fresque historique nous replongeant à l'époque des rois de France et de l'Amérique du Nord.
 

UNE PRÉSENTATION FORTE EN ÉMOTION
Immédiatement après la prestation de danse et chant traditionnels, le réalisateur François Girard, le producteur Roger Frappier, ainsi que les comédiens Samian, Wahiakeron Gilbert et Gilles Renaud sont montés sur scène. «C'est difficile de parler après une telle manifestation avec des costumes incroyables», a expliqué Roger Frappier d'entrée de jeu. «On est vraiment content d'être ici ce soir pour vous présenter Hochelaga, Terre des âmes en avant-première; le film va sortir uniquement le 19 janvier 2018. Moi, particulièrement, je suis vraiment ému d'être ici. La première fois que je suis venu à Rouyn-Noranda, c'était avec André Melançon. Ça fait presque 36 ans que je viens ici de façon sporadique. C'est toujours un festival qui nous tient énormément à coeur.»

Le réalisateur François Girard a par la suite pris la parole: «Je suis très content d'être ici. Contrairement à Roger et la plupart, c'est la première fois que je viens au festival de Rouyn-Noranda. Au moment de présenter le film ici, j'ai une pensée toute particulière pour quelqu'un qui a travaillé sur le film qui est de la région. C'est la grande tante de Samian qui était l'entraîneuse pour les dialogues en algonquin. Elle a joué un rôle très important d'inspiration pour les acteurs. Elle a lutté pour sa vie tout récemment. Elle va un peu mieux, mais elle est encore dans une très difficile convalescence. Je lui dédie le visionnement de ce soir, en espérant que tout le monde ici dans la pièce peut lui redonner la force de retrouver la santé et la force de vivre», a conclu François Girard avant de céder la parole à Samian.

«Je suis déjà monté sur cette scène en tant que chanteur, mais en tant qu'acteur, c'est la toute première fois», a souligné Samian. «Je suis super ému ce soir. On l'a vu plusieurs fois évidemment, mais de le présenter devant les miens. Je vois tellement de visages de Pikogan… Ma mère, ma grand-mère sont ici ce soir. J'ai le privilège de présenter le travail de François devant ma famille, devant des amis aussi. Hochelaga, Terre des âmes c'est une fiction qui frôle tellement la réalité et j'ai vraiment hâte d'avoir l'opinion de tout le monde. On a beaucoup parlé de réconciliation suite à la première montréalaise, mais en même temps c'est pas quelque chose de forcé, c'est quelque chose que vous allez vivre en regardant ce magnifique poème et en sortant d'ici avec probablement un autre point de vue, un regard différent des uns, des autres, chez les premières nations et chez les Québécois», a souhaité Samian avant de laisser toute la place au long métrage.




La Nouvelle-France
 
 

Le long métrage Hochelaga, terre des âmes est une fresque historique nous replongeant à l'époque des rois de France et de l'Amérique du Nord.
 

ROUYN-NORANDA, THÉÂTRE DES ÂMES SINCÈRES
Avant la présentation du film de fermeture Hochelaga, Terre des âmes, une surprise émut les spectateurs. Les lumières éteintes dans la salle, ce ne fut pas le long métrage qui fut d'abord projeté à l'écran, mais des images du territoire, alors que dans la salle et sur la scène, trois danseurs issus des premiers peuples interprétèrent danse et chant traditionnels avec des maquillages et des costumes invraisemblables, mais saisissants par l'effet produit.

Même l'animatrice Mélanie Nadeau, se retrouvant à quelques centimètres d'un des danseurs, avait peine à retenir son émotion à la fin de cette représentation tellement significative, qui rappelait qu'on est en territoire Anishnabe, que cette terre s'étend de Montréal à l'Abitibi-Témiscamingue, et qu'il y existe une diversité culturelle. D'ailleurs, deux des danseurs font partie de la distribution du long métrage:  Jerry Hunter joue le Chef de clan et Jeffrey Papatie y personnifie un des éclaireurs Iroquoïens. Une expérience spirituelle d'une grande symbolique installant une atmosphère propice à la présentation du film.



TOUT LE MONDE EST GAGNÉ PAR L'ÉMOTION
«Je n'étais jamais venu en Abitibi-Témiscamingue, mais on entendait souvent parler de ce festival», explique pendant le dernier souper un Montréalais passionné de cinéma qui en est à sa deuxième visite au Festival avec son épouse et un couple d'amis, eux aussi venant de Montréal. «J'ai tout vu depuis lundi et ce qui me frappe, c'est à quel point tous les réalisateurs qui viennent nous présenter leur film sont émotifs; ils y ont mis leurs tripes.»

En effet, tout au long du Festival, on aura rarement vu autant de festivaliers et de réalisateurs avec les yeux mouillés. Même l'animatrice du Festival Mélanie Nadeau a été émue plus d'une fois. Alors qu'elle termine pendant le repas de présenter les invités accompagnant le film de fermeture et que Jacques Matte se précipite au micro pour remercier l'animatrice du Festival, elle est loin de se douter qu'elle est à moins de trois heures de vivre, au plus près, une expérience mystique hors du commun.




Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue

 
UN MOMENT MAGIQUE DANS LES «BAGAGES» DU 36e FESTIVAL
C'est déjà le dernier souper du Festival et Cédric Poirier, responsable des partenariats et des activités, se réjouit d'avoir pu assister en personne à un des moments les plus merveilleux de cette 36e édition. «Ça se passait lundi matin à l'École D'Iberville (niveau secondaire) à Rouyn-Noranda où une projection spéciale du documentaire Bagages avait lieu en compagnie des adolescents qu'on voit dans le court métrage, explique Cédric Poirier. Des élèves de l'École catholique Jean-Vanier (Kirkland Lake, Ontario) et de la Noranda School (Rouyn-Noranda) étaient présents aussi.

Après la projection du film [qui décrit avec justesse le choc culturel que vivent des jeunes nouvellement arrivés au Québec], il y a une période d'échange entre les étudiants d'ici et ceux qu'on voit dans le film. Puis, ils se sont étreints tous ensemble. Ils continuaient à se parler, sans carapace, à visière baissé. Le câlin a duré 5 ou 10 minutes. Nous, les adultes, nous les avons laissés vivre ce moment pleinement de leur côté.» Un autre instant magique dans les «bagages» de cette 36e édition.



PRIX TÉLÉBEC / court ou moyen métrage
À quelques heures de la fin du Festival, c'est avec plusieurs heures de sommeil en moins que les trois membres du jury du Prix Télébec (récompensant le meilleur court ou moyen métrage) se retrouvent au repas du midi au Bistro Paramount. Luc Drolet (comédien), Stéphanie Lavoie (comédienne) et Jessica Lesage (réalisatrice) ont à juger 29 films.

Pour Luc Drolet, ce qui caractérise le Festival c'est: «La proximité qu'on peut avoir avec les gens de l'industrie. On peut se retrouver assis à côté de l'actrice Geneviève Brouillette [présente cette année pour La psychologie des planètes] ou du producteur Rock Demers [présent cette année comme membre du jury du Prix Communications et société en compagnie de Louis Artiges (étudiant en cinéma) et Dominique Gagné (ancienne enseignante de philosophie)].»

De son côté, Stéphanie Lavoie dit que: «Le Festival a eu une empreinte sur moi. J'ai 35 ans 1/2 et l'événement qui existe depuis 36 ans m'a rendue cinéphile. Il a créé plusieurs générations ouverts au cinéma d'ailleurs: on a accès au répertoire international ici même.»

Jessica Lesage abonde dans le même sens: «Oui. C'est la diversité. On a la possibilité de voir plein de films. Ça fait du bien. On en mange du cinéma grâce au Festival



POURQUOI CE FESTIVAL EST LE PLUS SYMPATHIQUE AU MONDE
ou
DES MOMENTS SYMPAS RÉVÉLATEURS


DES CINÉPHILES AUTHENTIQUES
Mercredi soir, entendant la chanson de Richard Desjardins Quand j'aime une fois j'aime pour toujours au générique final du court métrage L'odeur après la pluie, de nombreux spectateurs se sont mis à chanter la chanson dans la salle du Théâtre du cuivre.

Ainsi, pendant la projection des films, à tout moment on peut entendre des rires, des pleurs, des commentaires cocasses ou d'autres réactions du public. Ça fait partie de l'expérience unique qu'on vit dans ce Festival où les spectateurs sont d'une sincérité toujours surprenante.

CONTENT D'ÊTRE ICI
Roger Beaulieu, conducteur pour le Festival depuis des années, est toujours aux premières loges pour avoir les impressions des invités de l'événement et confirme: «Ils sont tellement heureux d'être ici. Ils voudraient revenir chaque année.»

LA CAMARADERIE S'INSTALLE VITE
À peine était-il arrivé à Rouyn-Noranda pour la présentation de Hochelaga, terre des âmes ce soir lors de la soirée de fermeture, que l'acteur Gilles Renaud était déjà en mode taquinerie avec le personnel du Festival. En effet, celui qui en est à sa 6e visite au Festival s'est s'amusé à répondre au téléphone à la place du conducteur bénévole qui le ramenait de l'aéroport où il venait d'arriver pour déconcerter Josée Buisson (du comité d'accueil du Festival): «Mais qui parle?», demande Josée Buisson s'attendant à parler au conducteur. «C'est Gilles Renaud!», répond tout bonnement celui qui se sent déjà en famille.

DE NEW CARLISLE EN TRAIN ET EN AUTOBUS
Louis Dallaire, vice-président du Festival, se fait aborder par un client au dépanneur du coin qui lui dit: «Félicitations pour votre festival. Imaginez. J'ai rencontré quelqu'un qui vient de New-Carlisle, en Gaspésie. Il a fait tout le trajet en train jusqu'à Senneterre, puis en autobus jusqu'à Rouyn-Noranda. Puis après le Festival, il refait le trajet contraire. Toujours en autobus et en train.» Il y a des cinéphiles qui n'ont pas peur des longues expéditions pour venir au Festival. Mais pour voir le plus sympathique au monde, ça vaut le détour.


 


JOUR 5
MERCREDI, 1er NOVEMBRE 2017

ON SE MET SUR SON 36 ET ON VA AUX VUES
Parallèlement aux projections du Festival lui-même, des activités sont organisées à l'extérieur pour des publics différents: à Montréal, la Cinémathèque québécoise a organisé un 5 à 7 le 23 octobre autour de la projection du documentaire Le Peuple invisible de Richard Desjardins et Robert Monderie, tandis qu'à Rouyn-Noranda, le Festival projette chaque année depuis sept ans, un film susceptible d'intéresser des aînés en résidences et qui ne peuvent venir au Théâtre du cuivre.

Cette année, le film Tiens-toi bien après les oreilles à papa réalisé par Jean Bissonnette avec Yvon Deschamps et Dominique Michel a été choisi et entièrement recolorisé et sonorisé grâce au Projet Éléphant (mémoire du cinéma québécois). Ce 1er novembre à 9h, une séance à la Résidence St-Pierre a permis à un spectateur de revoir ce film qu'il avait vu en 1971 en salle à La Sarre avec ses enfants et dont il gardait en tête certaines scènes comiques dignes des plus célèbres films avec Bourvil et De Funès (la scène de la prière, entre autres) tandis qu'à la séance de 13h30 à laquelle nous avons assisté à la Résidence Bleu Horizon, une vingtaine de «cheveux blancs» (tous, sans exception, sur leur 36) ont retrouvé avec plaisir l'atmosphère des cinémas de leur jeunesse avec distribution de popcorn et verre de liqueur avant la rapide présentation de l'activité par Geneviève Bélanger et du partenariat avec TVC 9 par Benoît Paquin.

Les commentaires à la sortie étaient tous favorables ce qui prouve que le Festival a vocation à poursuivre son oeuvre vers tous les publics de 7 à 77 ans comme le disait Hergé pour Tintin et même selon l'un des Dupondt: «Je dirais même plus : de 7 à 107 ans.»



Y'EST OÙ LE PARADIS?
En début de soirée était projeté le film Y'est où le paradis? accompagné d'une bonne délégation de ses artisans. La comédienne Marine Johnson, le scénariste Bertrand Lachance et le réalisateur Denis Langlois. Ce dernier a expliqué aux spectateurs à quel point ils sont super contents d'être ici ce soir: «C'est la première québécoise. C'était important pour nous que ce soit à Rouyn-Noranda que ça se passe. Parce que le film est inspiré beaucoup par l'Abitibi-Témiscamingue. C'est aussi un film qui m'a rattrapé au détour en début d'année. Vous avez lu le synopsis, vous savez de quoi ça parle… Et moi ma mère est décédée… [essayant de retenir des larmes] ça fait déjà des mois, mais ça me touche toujours. Je veux lui dédier cette projection. Ma mère était assez flyée. La dernière fois que j'étais en Abitibi, c'était pour mon premier court métrage. Elle m'a fait la surprise d'être ici. Parce que toutes les mères sont fières de leurs enfants. Alors, je veux dédier ce film à ma mère et à toutes les mères», a conclu Denis Langlois avec beaucoup d'émotion.



UNE RÉALISATRICE FÉBRILE
Il est midi au Pub Noranda. À quelques heures de la première mondiale de son film Yolanda, la réalisatrice Jeannine Gagné confie qu'elle est déjà très nerveuse. Elle doit s'adresser au public tout juste avant la projection de son moyen métrage au milieu de l'après-midi: «C'est tout un honneur, pour moi, de venir présenter le film ici. D'abord, parce que j'adore ce festival. Je trouve que le public est extraordinaire. Et puis, c'est la toute première fois que je le montre. Même les comédiens ne l'ont pas vu; je n'ai pas encore eu le temps de faire le visionnement d'équipe. Alors, comme vous pouvez entendre, peut-être, je suis un peu nerveuse. Mais je suis heureuse de montrer ce travail», a souligné la réalisatrice. Enfin, avant de laisser place à son oeuvre, elle a expliqué qu'elle a écrit le scénario de cette fiction, abordant la rencontre entre une dame de 75 ans et un homme plus jeune, en ayant déjà en tête les deux interprètes: Margot Campbell et Paul Ahmarani.


 


JOUR 4
MARDI, 31 OCTOBRE 2017

Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue

 
BURN OUT ACCOMPAGNÉ… PAR DE NOMBREUX INVITÉS
De nombreux invités accompagnaient le long métrage Burn out pour sa première nord-américaine mardi soir au Théâtre du cuivre: les comédiens Emmanuel Auger, Paul Dion et Jézabel Drolet, ainsi que la productrice Louise Sabourin. Mais c'est d'abord le réalisateur Michel Jetté qui a prit la parole: «Merci d'être là. Ça nous touche beaucoup. D'autant plus que, bien qu'il ait été tourné dans la région de Montréal, Burn out est né en Abitibi-Témiscamingue. En fait, dans le coin de la région de Macamic. Je tiens donc à saluer les gens de la région de Macamic qui seraient ici ce soir.»

Emmanuel Auger et Jézabel Drolet ont souligné à quel point de nombreuses personnes vont se reconnaître ou reconnaître quelqu'un de leur entourage dans ce film qui peut aider à long terme ceux qui sont touchés par l'anxiété ou la dépression. Un long métrage qui bouscule même si «pour une fois, je ne jouais pas un bum, pas un casseur de gueules», racontait Emmanuel Auger avec humour.

«C'est un énorme plaisir d'être à Rouyn-Noranda encore une fois. Pour la quatrième fois», a rappelé Paul Dion. «J'ai commencé avec Hochelaga, après ce fut Histoire de Pen, puis Bumrush. Et maintenant Burn out. Aussi, je suis venu [jouer] au théâtre ici. C'est toujours extraordinaire de revenir à Rouyn-Noranda en Abitibi-Témiscamingue. C'est une région que j'aime beaucoup et c'est un théâtre que j'apprécie beaucoup tant au niveau du cinéma qu'au niveau du théâtre. Je peux vous dire que ce film là… Excusez-moi… [retenant des larmes, avant de poursuivre] On l'a fait avec toutes nos tripes. On l'a fait avec toutes nos émotions. C'est un film… d'équipe. C'est un film… de coeur. Merci!», a conclu Paul Dion sous les applaudissements réconfortants des spectateurs dans la salle.



LE JOUR APRÈS, UN RÉALISATEUR AUX ANGES
ou
LA SINCÉRITÉ DU PUBLIC

Au lendemain de la projection de son film Many Heavens et de l'ovation de trois minutes qu'il a suscité, le réalisateur belge Jan Matthys est aux anges. «Au déjeuner, il flottait», rapporte le président du Festival Jacques Matte. De son côté, Louis Dallaire vice-président de l'événement, explique et résume: «Le réalisateur s'attendait à tout et à rien à la fois. Il a eu tout.»

Mais comment avait-t-il réagi quand il a su que son tout premier long métrage serait lancé en première mondiale à Rouyn-Noranda? «C'est la première fois que je viens au Québec, mais ce festival est très connu en Belgique. Mes collègues réalisateurs m'ont dit que c'était un festival idéal pour mon film; avec des valeurs humaines.»

En fait, Jan Matthys relate que les plus beaux commentaires qu'il a reçus suite à son ovation n'étaient pas en mots. C'était sans parole, dans les gestes, dans les regards. «C'était physique. C'est plus sincère encore. Sincérité est le mot juste», insiste Jan Matthys. «Sincère.» C'est aussi ce que le réalisateur Michel La Veaux avait noté en début de semaine au sujet du public qui commentait son film Labrecque, une caméra pour la mémoire. De quoi combler de joie, et d'espérance pour un prix, le réalisateur Jan Matthys alors que son film sortira en salle en Belgique lundi prochain.



UN ENCAN À CÔTÉ DU FESTIVAL
Parmi les à-côtés que souligne le Festival cette année, il y a l'encan d'art au profit de l'organisme de défense de la forêt boréale l'Action boréale de l'Abitibi-Témiscamingue. L'exposition se poursuivra jusqu'en décembre ce qui explique que les enchères débutent lentement, mais déjà on remarque de l'intérêt pour un tableau de Marc-Aurèle Fortin, un dessin de Frédéric Back et une guitare de Richard Desjardins tant associé à la défense de la forêt depuis son documentaire L'erreur boréale. À signaler, une magnifique oeuvre, bien régionale, de Norbert Lemire Hérons sur Opasatica, et un tableau de Raôul Duguay qui vient tout juste de se rajouter pour les enchères  La montée du plaisir.


 


JOUR 3
LUNDI, 30 OCTOBRE 2017

Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue

 
UNE GRANDE SURPRISE POUR PLUSIEURS FESTIVALIERS
Pour terminer cette 3e journée de festival, un film belge en première mondiale: Many Heavens. Déjà là, il y avait de quoi intriguer ceux qui s'étaient surtout déplacés pour voir en début de soirée l'adaptation cinématographique de l'autobiographie de Félix Leclerc. «Est-ce que je reste pour ce film en version néerlandaise avec sous-titres en français?», se demandaient bien des spectateurs.

Le sympathique réalisateur belge Jan Matthys était présent et a tenu à dire quelques mots en français avant la projection: «Vous êtes les courageux. Je suis Belge, de la partie flamande; à mon accent, c'est clair, le français n'est pas ma première langue. Je suis très heureux de vous présenter en première mondiale mon long métrage. Je suis convaincu que ce festival chaleureux et très sympa est l'environnement idéal pour lancer mon film. Je suis ici. J'y laisse mon enfant et dans 90 minutes, ça sera aussi le vôtre. Merci.», a conclu Jan Matthys sous des applaudissements généralisés et même quelques cris admiratifs. Déjà, ce discours de Jan Matthys avait touché les gens, restait à voir comment serait reçu ce film étranger.

L'impressionnante ovation à la fin du long métrage (on parle de trois minutes d'applaudissements) est une réponse éloquente à ceux qui se demandaient s'ils devaient rester ou non. «C'était un beau film. Un très beau film.» Ceux qui hésitaient et qui l'ont raté, le regrettent déjà.




ROY DUPUIS
 
 

Ceci n'est pas un polar met en vedette Roy Dupuis. La Dépêche numéro 66 vous proposait une entrevue exclusive avec Roy Dupuis, un habitué de longue date du Festival.
  
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LE FILM
«DE» FÉLIX LECLERC

Film d'époque très attendu et attirant un public aux attentes élevées, Francis Leclerc venait présenter en début de soirée son adaptation du récit autobiographique de son père Félix Leclerc: Pieds nus dans l'aube. En compagnie du comédien Roy Dupuis (5e présence au Festival et toujours très heureux de s'y trouver) et du directeur de la programmation chez Films Séville M. Yoann Sauvageau, Francis Leclerc a expliqué qu'ils étaient en fin de tournée promotionnelle: «On finit un peu notre périple ici en Abitibi-Témiscamingue; le film est sorti vendredi à travers le Québec. La bonne nouvelle, c'est qu'il marche très bien. Vous allez pouvoir le voir et le revoir; il sort en salle à Rouyn-Noranda et à Val-d'Or vendredi prochain.» Puis, il a bien fait rire la salle en présentant Roy Dupuis qui personnifie son grand-père. «J'ai bien choisi. Non?»

Déjà habitué depuis plusieurs jours à recevoir des applaudissements chaleureux pendant le générique final, mais bref, les spectateurs préférant bien entendre la musique de Félix à la fin du film, le réalisateur ne s'attendait pas à cette longue ovation rouynorandienne: avec des spectateurs assis, puis debout; avec des applaudissements pas trop forts pour entendre la musique, puis plus forts. Francis Leclerc et Roy Dupuis, s'étant levés et étant éclairés par un projecteur depuis un bon moment, ne sachant plus quoi faire, décident de se prendre dans les bras. Ah! le public du Festival: toujours imprévisible.



Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue

 
UNE PORTE-PAROLE SYMPA POUR LA PSYCHOLOGIE DES PLANÈTES
«C'est un temps idéal pour le cinéma, mais il faut s'y rendre!», commentait un festivalier lundi alors qu'une fine couche de neige recouvrait désormais le sol de Rouyn-Noranda. Devant présenter en début de soirée en première mondiale son court métrage La psychologie des planètes, la réalisatrice Anick Lemay n'a pu quitter Montréal à cause du mauvais temps. Heureusement, une des vedettes de son film, Geneviève Brouillette était déjà présente sur place et a pu lire son texto au public. Ce qu'elle fit intégralement y compris sa note de bas de page qui lui demandait si ça allait comme message de présentation, provoquant les rires de spectateurs dans la salle. Qu'Anick Lemay se rassure, sa porte-parole a très bien rendu son message; elle a compris qu'elle se trouve dans le «festival le plus sympathique au monde».



UN FILM QUI SUSCITE LA DISCUSSION
«Il y a du monde. Ouais!», s'est exclamé sur scène le réalisateur Martin Laroche heureux de voir une salle pleine en ce lundi après-midi pour assister à la première nord-américaine de son film Tadoussac. En compagnie des comédiennes Camille Mongeau et Isabelle Blais, il a expliqué à quel point il était heureux d'être là : «C'est ma troisième fois à Rouyn-Noranda avec un long métrage. Je suis extrêmement heureux; j'adore cette salle. J'adore la ville.» Il a ensuite invité les gens à demeurer dans la salle après le film pour une séance de questions et réponses.

Abordant un sujet qui touche les femmes de partout dans le monde, le film n'a laissé personne indifférent. Certains soulignant la performance d'actrice de la jeune Camille Mongeau, d'autres retenant plutôt celle d'Isabelle Blais, touchante dans son rôle de mère.




MICHEL LA VEAUX
 
 

Michel La Veaux se sent plus fier d’être Québécois quand il est en Abitibi-Témiscamingue. Lisez son entrevue intégrale dans La Dépêche numéro 68.
  
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JEAN-CLAUDE LABRECQUE, LE «BRISEUR DE ZOOMS»
La projection en première mondiale du documentaire Labrecque, une caméra pour la mémoire lors du Festival le dimanche 29 octobre a été suivi le lendemain en matinée d'une rencontre informelle entre le réalisateur, Michel La Veaux, Jean-Claude Labrecque, «vedette» du film, et les étudiants de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT).

Dans une atmosphère très conviviale au bistro de l'UQAT, Jean-Claude Labrecque, encore ébahi d'être le sujet d'un tel hommage de son vivant, a précisé d'entrée qu'il avait eu la chance d'oeuvrer entre les années 1959-1989 qui furent très importantes pour l'évolution du cinéma et qu'il est très satisfait du film de Michel La Veaux qui a su choisir dans les 55 films auxquels Jean-Claude Labrecque a participé les passages les plus importants.

Quant à ses moments marquants à lui, M. Labrecque choisit sans hésiter le film sur Marie Uguay poétesse québécoise (1955-1981) décédée lucidement d'un cancer virulent, le voyage du président de Gaulle sur le chemin du roy, les discours de Pierre Bourgault et le documentaire À hauteur d'homme.

Avant de donner la parole au second interlocuteur, l'animateur Martin Guérin lui demande: «Comment justement avez-vous travaillé avec Michel La Veaux?» «Nous avons tourné onze jours ensemble puis je n'en ai plus entendu parler durant cinq mois! Quand j'appelais, il répondait par message, toujours le même «Je t'appelle pour te dire que je te rappelle!» »

Michel La Veaux confirme l'anecdote car il tournait un autre film en assurant le montage de celui-ci et ajoute que leur chance est leur entente parfaite, tous deux prônant un amour du cinéma et non des personnages, des plans toujours bien cadrés, nets, précis, au plus près des hommes, car le réalisateur doit savoir faire des choix, se tromper parfois, réussir souvent, mais choisir en allant de l'avant vers le sujet filmé quelle que soit son importance ailleurs et en portant sur eux un regard humaniste.

La verve des deux complices est intarissable et séduit un public suspendu à leurs lèvres. Lorsque Michel La Veaux dit que sa chance a été que Jean-Claude Labrecque n'intervienne jamais dans son travail, celui-ci rétorque que c'était difficile de se taire par exemple, au moment crucial du film où Jean-Claude Labrecque doit traverser seul la moitié du stade Olympique filmé depuis la plus haute tribune, tel un insecte minuscule sur une longue plate-forme pour rejoindre une caméra d'époque placée au centre du stade.

L'échange bifurque alors sur le matériel et les deux hommes affirment continuer à utiliser des pellicules (notamment The Kodak sauvée par Snowden) et des caméras 35 mm, mais pas le numérique. Non pas par nostalgie ou dédain, mais parce que, ajoute Jean-Claude Labrecque avec humour: «Je ne me vois pas filmer avec mon mobile, car je téléphonerais toujours.»

Michel La Veaux rappelle que Jean-Claude Labrecque a vu apparaître le zoom et a domestiqué cet appareil fragile surtout lorsqu'il fut le premier à filmer depuis un hélicoptère, porte ouverte et bloquée avec des caoutchoucs à la grande frayeur des pilotes.

Pour terminer sur une note moins dangereuse, au moins pour l'homme, Jean-Claude Labrecque raconte son premier contact avec le zoom qui lui fut présenté en France en deux exemplaires. Voulant voir le fonctionnement avant l'arrivée du public, il dévisse un zoom qu'il pose sur une chaise proche. L'arrivée de gens provoque un déplacement de chaises avant qu'il ait pu réagir et le zoom se brise au sol. Désolé, il le ramasse pour aller s'excuser avec en mains les deux zooms à remettre au responsable. En posant le brisé sur le comptoir, l'autre lui échappe et se brise à ses pieds. Conclusion du fautif: «Ils m'ont aimé longtemps!»

Afin de conclure sur une note moins grave, Louis Dallaire, présent dans la salle demande à Jean-Claude Labrecque s'il a un sujet en tête à tourner bientôt et Jean-Claude Labrecque explique longuement son intention de filmer quelque chose sur sa rencontre au primaire avec un élève qui l'a beaucoup marqué parce que conduit par un chauffeur qui le vouvoyait ce garçon, prince de Bourbon-Parne se débattra toute sa scolarité entre ses devoirs de prince et son désir d'être un garçon comme les autres. Il reste à attendre la nouvelle oeuvre de cet artiste si humble qui méritait amplement le documentaire que lui a consacré son disciple et ami Michel La Veaux.


 


JOUR 2
DIMANCHE, 29 OCTOBRE 2017

DE PREMIÈRE EN PREMIÈRE
Le réalisateur français Olivier Ayache-Vidal était déjà venu au Festival nous présenter son tout premier court métrage Undercover. Cette fois-ci, il est de retour parmi nous, accompagnant son premier long métrage Les grands esprits. Avec lui sur scène dimanche soir pour la première nord-américaine de cette comédie dramatique, un habitué du Festival, le distributeur d'Axia Films Armand Lafond et le comédien François Petit-Perrin.




MICHEL LA VEAUX
 
 

Michel La Veaux se sent plus fier d’être Québécois quand il est en Abitibi-Témiscamingue. Lisez son entrevue intégrale dans La Dépêche numéro 68.
  
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MICHEL LA VEAUX,
RÉALISATEUR:
«C'est MON festival préféré.»

L'émotion s'est poursuivie dimanche après-midi avec la projection en première mondiale du documentaire Labrecque, une caméra pour la mémoire. Pour présenter le film sur scène, la productrice Nicole Hubert, ainsi que le réalisateur Michel La Veaux en compagnie de son maître, son inspiration, Jean-Claude Labrecque qui tenait à venir en Abitibi-Témiscamingue.

«Je veux d'abord dire une chose très importante pour moi: la relation que j'ai avec votre festival, c'est une relation d'amour, vous le savez. Quand je viens ici, j'ai l'impression de retourner chez moi, à la maison, de rentrer en famille, de revoir mes trois grands amis qui sont extraordinaires, Jacques, Louis et Guy. Vous devriez être très très fier qu'un si beau festival international soit à Rouyn-Noranda depuis 36 années», a déclaré Michel La Veaux sous les applaudissements du public.

«Je veux juste vous rappeler que mon premier film Hôtel La Louisiane a débuté sa carrière ici il y a deux ans, a poursuivi Michel La Veaux. Il avait gagné le prix et à partir de ce moment-là, le film est allé pendant 8 semaines en salle à Montréal. Ce qui est énorme pour un documentaire. Après, il est allé en France… Mais le départ, c'est dans mon festival préféré; c'est ici.» Une affirmation qu'il répètera en coulisse en disant: «C'est MON festival!»

De plus, son long métrage documentaire provoqua de vives émotions chez certains festivaliers; certains pouvaient avoir de la difficulté à retenir des larmes en découvrant la petite histoire derrière notre grande Histoire. Après la projection, des gens visiblement émus allait voir le réalisateur pour lui dire à quel point son film les avait bouleversés. Des propos sincères qui l'ont touché droit au coeur.



UN APRÈS-MIDI ÉMOUVANT
Dimanche après-midi, une femme entre dans la salle de presse: «J'ai pleuré tout le long du film.» Le documentaire qui l'a ému aux larmes est Bagages. Un petit chef d'oeuvre qui a nécessité un travail de réalisation de longue haleine pour décrire avec une justesse désarmante le choc culturel que vivent des jeunes nouvellement arrivés au Québec. Plusieurs invités accompagnaient le film dont la productrice Karine Lefebvre, la scénariste Mélissa Lefebvre et les professeures Adelina Malutin, Arina Ianioglo, Kimia Safaeivahid et Kamyar Karimi.



PATRICK HUARD SE LIVRE SANS RÉSERVE
Le brunch-conférence du Festival nous a fait découvrir un Patrick Huard d'une sincérité désarmante. Visiblement heureux d'être là et de parler de son métier, il a été d'une générosité sans borne en répondant à toutes les questions de Martin Guérin. Il était sans filtre. Nous étions dans sa tête, dans son intimité. Il nous a expliqué en long et en large comment il procédait pour écrire un scénario, quelle était une journée type y compris ses heures de repas en famille. Il nous a raconté ses bons coups en tant qu'acteur et réalisateur.

Des exemples:
Quel rôle il aimerait refaire différemment? La transgenre dans Cover-Girl, car la société a évolué, tout comme lui.

Fait-il une distinction entre films d'auteur et films commerciaux? Non. Il faut cependant rejoindre le plus grand nombre de gens. Le cinéma québécois étant subventionné, les films appartiennent déjà aux Québécois. Ils ne leur reste que les derniers 10 dollars à payer pour voir leur film au cinéma. Ne pas aller voir les films québécois, c'est comme refuser le produit après avoir payé tous les versements, sauf le dernier: il me reste un dernier petit versement à faire, mais je ne le fais pas et gardez le produit. Sans prétention, Patrick Huard considère avoir sept millions de patrons et il veut en satisfaire le plus grand nombre.

Sa plus grande déception? Que le film tourné en Abitibi-Témiscamingue Guibord s'en va-t-en guerre n'ait pas mieux fonctionné: «J'étais fier du travail qu'on avait fait là-dessus. En plus, c'est une de mes plus belles expériences de tournage à vie [en tant qu'acteur]. Ça, c'en est un qui m'a fait beaucoup de peine. J'ai beaucoup réfléchi sur le sujet; j'en ai parlé avec Philippe Falardeau [le réalisateur]. On s'est demandé: Qu'est-ce qui s'est passé? Je peux complètement me tromper, mais mon analyse à moi, c'est que pendant tout le film, on a vendu quelque chose au public. On leur a fait croire pendant tout le film qu'une personne pouvait changer le monde. Tout le long du film, on y croit. Puis à la fin, non. Ça n'a rien changé. Le cynisme embarque à la fin et ce n'est pas cohérent avec ce qu'on avait dit avant. C'est peut-être l'erreur qu'on a faite.»

Enfin, tout le long de la conférence, la grande question sous-entendue de Martin Guérin était: Pourquoi tu fais ça? Celui qui à travers ses personnages a souvent cherché à ouvrir les esprits envers des minorités comme les noirs et les gays, a répondu à cette question en racontant une anecdote. Un jour qu'il marchait dans la rue, il se fait reconnaître par un noir qui est gay qui l'étreint spontanément en le remerciant pour tout ce qu'il a fait pour ses deux minorités et pour la discussion qu'il a provoqué avec son père qui venait de le voir à la télé.



PATRICK HUARD SÉDUIT DES CINÉPHILES ASSIDUS ET OCCASIONNELS
Le brunch-conférence de Patrick Huard a attiré de très fidèles cinéphiles du Festival et d'autres plus occasionnels.

Diane Boutin, originaire de Malartic, et Yvon Gilbert, originaire de Latulipe sont fidèles au Festival depuis 36 ans et y assistent systématiquement chaque année en entier avec leurs passeports. Ces passionnés de cinéma ont au cours des années amené leur fille Emmanuelle aux ciné-muffin du Festival développant chez elle un goût pour les communications. Domaine dans lequel elle étudie aujourd'hui à Sherbrooke.

Pour leur part, Jean Racicot, résident de Rouyn-Noranda, et sa fille Renée De Denus, résidente de Matagami, sont moins adeptes de cinéma, mais ont été attiré par la présence de Patrick Huard.

Ils s'entendent tous sur au moins une chose, la conférence de l'acteur-réalisateur les a pleinement satisfaits et ils ont passé un moment merveilleux qu'ils n'oublieront pas de si tôt.



 


JOUR 1
SAMEDI, 28 OCTOBRE 2017

Antoine-Olivier Pilon dans Junior Majeur
 
 

Junior majeur, avec Antoine-Olivier Pilon, est le film d'ouverture du 36e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue.
 

L'ABITIBI-TÉMISCAMINGUE A GAGNÉ
Tournée en partie en Abitibi-Témiscamingue, les attentes étaient élevées envers le long métrage Junior Majeur présenté en première mondiale comme film d'ouverture du 36e Festival. De toute évidence, les espoirs ont été dépassés. Les gens ont été agréablement surpris. Ils ont réagit aux références locales en riant.

«Ce qui s'est passé est exceptionnel, hors de l'ordinaire, rarement autant de gens sont venus nous dire «Merci de faire le Festival»», raconte Louis Dallaire, co-fondateur de l'événement. Il faut dire que le Festival a accompagné ce projet cinématographique dans plusieurs facettes de son développement. «Ce projet est porteur pour les gens de la région d'une immense fierté», soulignait Jacques Matte, président du Festival lors de la soirée d'ouverture tout en remerciant particulièrement le producteur Christian Larouche et le président des Huskies Jacques Blais.

Présentant le film sur scène en compagnie du producteur Sébastien Létourneau, Christian Larouche, portant fièrement le gilet des Huskies, a tenu d'abord à saluer le rôle majeur qu'a joué Jacques Blais dans la concrétisation du long métrage: «Ce film est rendu possible à cause de toi, Jacques Blais. Merci. Ce soir, je suis fier de porter ton chandail.» Il a expliqué au public que c'est Jacques Blais qui lui a permis de rencontrer le président de la Ligue de hockey junior majeur du Québec Gilles Courteau pour avoir les droits d'utiliser les noms et couleurs de véritables équipes de hockey et ainsi créer un véritable sentiment d'appartenance dans le film.

Aussi, le producteur Christian Larouche a raconté comment le président du Festival a réussi à influencer la finale du scénario. «L'action finale du film devait se passer à Chicoutimi. Mais Jacques Matte, que vous connaissez très bien, est venu me rencontrer à plusieurs reprises en me disant «Tu ne peux pas venir tourner à Rouyn-Noranda [seulement] une journée, deux jours… Ça ne marche pas.» Il me dit: «Moi, j'ai organisé un comité. Fie-toi sur moi. Tu vas venir ici, à Rouyn-Noranda, puis la ville est à tes pieds.» Et pas juste à mes pieds; je vais vous dire, on a changé le scénario et la fin du film se passe à Rouyn et j'en suis très fier. Je n'ai aucun regret parce que je levais le petit doigt et tout le monde était à nos pieds, tout le monde, vous avez été extraordinaire, merci encore. Vous n'êtes pas blasés de la vie, vous êtes des vrais.»

Puis, on a présenté sur scène les nombreux invités qui, comme une équipe de hockey sur la route, sont arrivés en vol nolisé le matin pour repartir le soir même tout juste après la projection: la collaboratrice Valérie Allard, le réalisateur Éric Tessier, ainsi que les acteurs Daniel Thomas, Madeleine Peloquin, Rémi Goulet, Antoine-Olivier Pilon et Alice Morel Michaud.

Pierre de Coubertin disait: «L'important c'est de participer.» Alors, peu importe que ce soit l'équipe de Rouyn-Noranda ou de Saguenay qui gagne dans le scénario final de Junior Majeur. Ce qui est sûr, c'est que les Rouynorandiens ont participé totalement pour faciliter le tournage du film. Ils ont consolidé notre réputation naissante que ça vaut la peine de venir tourner des films ici. Et à partir du 23 novembre, c'est tout le Québec qui pourra voir en salle des images tournées ici au bénéfice de toute la région.


Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue

 
JE ME SOUVIENS
D'ANDRÉ MELANÇON

Après avoir dédié sa 35e édition au cinéaste natif de Rouyn-Noranda André Melançon, les matinées de projections scolaires du Festival porteront désormais le nom de Volet jeunesse André-Melançon. «La Ville de Rouyn-Noranda va être partenaire […] du Volet jeunesse André-Melançon», a souligné le maire de Rouyn-Noranda, Mario Provencher, lors de la soirée d'ouverture sur la scène du Théâtre du cuivre. «Alors les jeunes vont apprendre un peu l'histoire du cinéma. On va expliquer qui est André Melançon. Pour la Ville, c'est une grande fierté de participer justement à garder la mémoire d'un citoyen de Rouyn-Noranda qui a marqué l'histoire du Québec dans le cinéma et surtout dans le cinéma pour enfants», a conclu le maire sous les applaudissements approbateurs de la salle.


UN MOMENT SUPER MIGNON RÉVÉLATEUR
Comme pour prendre au mot les paroles de Louis Dallaire, vice-président et co-fondateur du Festival, qui qualifiait l'événement de «festival le plus sympathique au monde» lors du souper d'ouverture, un autre moment magique s'est produit dans la salle de presse samedi.

Deux jeunes filles de 5e et 6e année ont eu la chance de faire une entrevue avec le réalisateur du film Junior Majeur, Éric Tessier, et une des vedettes du film, Antoine Olivier Pilon. Ceux-ci ont été d'une grande générosité dans leurs réponses d'autant plus que les questions des étudiantes avaient été soigneusement préparées. Signe révélateur qu'il s'agissait d'un autre moment magique du Festival, il régnait dans la salle de presse un silence total; les personnes présentes apprenant des choses étonnantes tout au cours de cette entrevue. Peut-être qu'on vient d'assister au début de carrière de futures journalistes. Comme quoi le Festival peut servir à préparer la relève à bien des niveaux.


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Les organisateurs et cofondateurs du Festival:
Louis Dallaire, Jacques Matte et Guy Parent.
ADMIRATIONS
TOUS AZIMUTS

L'image 2017 du Festival continue de susciter de l'admiration de toute part. Mme Monique Simard, de la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles), s'est dite impressionnée par le fait que le Festival ait réussi à convaincre l'artiste de renommée internationale René Derouin de réaliser l'affiche de la 36e édition: la sirène «orignal» du cinéma 2017.

Mais à quelques heures de la soirée d'ouverture, c'est René Derouin lui même qui est impressionné par la beauté des produits dérivés et des décors qu'a inspiré son oeuvre. Particulièrement, le décor du foyer du Théâtre du cuivre réalisé par Valérie Hamelin et une dizaine de bénévoles. De toute évidence, l'artiste ne regrette pas d'avoir rapidement accepté de s'associer au Festival: sa renommée lui inspirait confiance et l'événement a été à la hauteur de sa réputation.