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L’état des médias
La subjectivité atteint de nouveaux sommets
LA DÉPÊCHE NUMÉRO 64  -  ÉDITORIAL  -  PAR ALAIN AYLWIN  -  25/10/13

LOCO LOCASS
 
 

Le groupe hip-hop Loco Locass, connu pour sa ferveur souverainiste, a déjà dénoncé la piètre qualité de l’information en donnant en exemple la malhonnêteté dont peut faire preuve un quotidien comme La Presse (voir La Dépêche numéro 49).
  
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Depuis le référendum de 1995, on peut observer une détérioration de la qualité de l’information dans les médias québécois. Celle-ci se manifeste particulièrement par l’omniprésence de la subjectivité (commentaires, chroniques, analyses, caricatures...) qui amène le public à se forger une opinion, non pas à partir de faits objectifs, mais à partir d’idées subjectives. Un terreau fertile pour des politiciens qui cherchent à influencer les électeurs comme on peut en trouver au parlement d’Ottawa, grand responsable de l’état actuel des médias.

Le programme de commandites et de publicités de Jean Chrétien avait pour but de promouvoir auprès des Québécois, à grands frais, les avantages de rester liés avec le Canada après la quasi victoire des souverainistes en 1995. Avec la Commission Gomery, on s’est beaucoup attardé aux dépenses incontrôlées du programme essentiellement publicitaire, mais peu à l’impact qu’il a eu au niveau des médias québécois. Pourtant, considérant que la publicité est la principale source de revenus des médias, cet impact ne peut être que majeur. D’autant plus que le gouvernement canadien (avec ses nombreux ministères, organismes, sociétés, etc.) est en temps normal un des plus gros annonceurs au pays (pour ne pas dire le plus important). C’est vrai en temps normal, ça l’est d’autant plus avec un très généreux programme de promotion destiné uniquement au Québec. Une manne de revenus publicitaires pour les médias les plus efficaces du Québec? Non. Les nombreuses révélations de la Commission Gomery ont prouvé que ce n’était pas l’efficacité que recherchaient les agences de publicité qui géraient le programme. Alors? Pour obtenir ces lucratifs contrats publicitaires, que devaient faire les médias? Les critères de sélection avaient beau être nébuleux, une chose a toujours été très claire: ce programme a été institué par le gouvernement de Jean Chrétien pour promouvoir l’unité canadienne auprès des Québécois. Dans ce contexte, on peut comprendre que les propriétaires des médias québécois étaient encouragés à faire une plus grande place aux idées fédéralistes dans l’espoir d’obtenir une part de cette manne publicitaire historique. D’autant plus qu’Ottawa a permis une multiplication des médias au Québec qui a eu pour effet d’exacerber la compétition rendant d’autant plus vulnérables les médias. En accentuant la compétition, Ottawa a aussi encouragé des médias à donner plus de place à l’opinion moins coûteuse à produire que la collecte d’informations brutes ou la réalisation de reportages d’enquête.


LOCO LOCASS
 
 

Le groupe hip-hop Loco Locass a déjà dénoncé la piètre qualité de l’information (voir La Dépêche numéro 49).
  
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Pressions tous azimuts
Si les propriétaires des médias subissant les pressions d’Ottawa ont pu à leur tour faire pression sur leurs employés pour vendre le Canada aux Québécois, les artisans oeuvrant dans les médias ont pu aussi subir des pressions plus directes. Denis Coderre, qui a fait partie du gouvernement de Jean Chrétien pendant l’affaire des commandites, a déjà critiqué le montage de la très influente émission Tout le monde en parle animé par le souverainiste reconnu Guy A. Lepage. Certains auront noté que Denis Coderre a reçu un traitement royal lors de son passage à l’émission en 2006. L’animateur fut en effet très généreux avec son invité comme le soulignait la journaliste Michelle Coudé-Lord dans Le Journal de Montréal le 30 janvier 2006. A-t-il consciemment ou inconsciemment cédé à la pression? Une chose est certaine, Guy A. Lepage a déjà révélé qu’il recevait des critiques du reste du Canada (des courriels l’invitant à parler plus du reste du Canada) qui l’ont amené à satisfaire ces requérants. Tout aussi indépendant qu’il puisse paraître, il ne serait pas surprenant que l’animateur vedette, comme bien d’autres, ait par moment fléchi tellement les pressions de fédéralistes auprès des artisans québécois oeuvrant dans les médias ont été nombreuses ces dernières années. On dit souvent qu’il y a pire que la censure, il y a l’auto-censure. Il est certain que si un souverainiste affiché se révèle sympathique envers un fédéraliste, la propagande peut être d’autant plus efficace.

On a qualifié le scandale des commandites du plus grand scandale politique de l’histoire du Canada. On l’a aussi qualifié, à juste titre, de plus gros «party» de publicité de l’histoire du pays. Les pressions exercées par Ottawa pendant cette période sur les médias au Québec ont été majeures. Le programme de commandites et de publicités n’existe plus, mais l’attribution des contrats publicitaires par le gouvernement Harper est encore plus obscure qu’à l’époque du gouvernement de Jean Chrétien. Cependant, comme la philosophie réformiste considère que la séparation du Québec ne doit pas être évitée à tout prix, les règles nébuleuses d’attribution de contrats n’ont peut-être plus pour objectif de faire pression sur les médias pour favoriser l’unité canadienne.


LOCO LOCASS
 
 

Le groupe hip-hop Loco Locass a déjà dénoncé la piètre qualité de l’information (voir La Dépêche numéro 49).
  
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Faire l’information autrement
Pour communiquer avec leurs électeurs, les politiciens doivent tenir compte de l’état actuel des médias. À l’instar du reste du monde, les médias québécois ont évolué vers plus de subjectivité et ils conditionnent plus que jamais le public à effectuer leurs choix électoraux sur des éléments très superficiels: tout est centré sur le chef, son image, ses talents de communicateur. Le programme du parti, les idées, sont de plus en plus secondaires. Dans ce contexte, faire de la politique autrement équivaut à un suicide politique dont la victime sera le politicien lui-même ou la cause qu’il défend. En somme, les personnes qui blâment actuellement les politiciens de ne pas faire de la politique autrement se trompent de cible... tant et aussi longtemps que les médias ne couvriront pas la politique autrement.

LA DEPECHE NUMERO 64Retrouvez l'intégral de cet éditorial dans La Dépêche numéro 64. Aussi dans ce même numéro, ne manquez pas une grande entrevue avec le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, M. François Gendron, réalisé par notre journaliste Julianne Pilon.

Découvrez dans ce magnifique portrait, un homme franc, direct, qui aime ce qu’il fait et cela paraît dans sa voix, son sourire, ses yeux et ses gestes.

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