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OPINION DES LECTEURS
JOUR DE LA TERRE

(22/04/04) Quels principes doivent guider le développement de notre région si elle veut participer au développement d'un monde plus durable et équitable? Question simple, mais comment y répondre sans tomber dans le dogmatisme et sans avoir l'air trop pessimiste? Le développement, en Abitibi-Témiscamingue, les gens y pensent, en parlent, y travaillent, c'est une préoccupation constante, une véritable obsession. Participer au développement, ce serait déjà bien, à un développement durable et équitable serait encore mieux. Après cent ans de colonisation, tout semble encore si précaire. L'Abitibi, à la limite de ses ressources traditionnelles, une région rurale parmi tant d'autres qui ne font plus le poids démographique dans les paysages politiques québécois et canadien. Le Témiscaminque plus vieux, plus sage, on en parle peu, c'est le secret le mieux gardé du Québec.

Les sols de l'Abitibi sont encore neufs, ont relativement peu souffert des abus de l'agriculture industrielle, les forêts ne seront plus jamais vierges mais repousseront tout de même. Les paysages et les cours d'eau se cicatriseront peut-être, avec un peu d'aide. Je pense que le développement de l'Abitibi et du Témiscamingue reposera toujours sur leurs ressources naturelles et renouvelables si elles seront gérées adéquatement. C'est-à-dire? Tout simplement si notre volonté de produire ne dépasse pas la capacité naturelle du milieu à produire ou la capacité du milieu à absorber les changements qu'on lui impose, si nos infrastructures industrielles s'adaptent à nos écosystèmes et non le contraire. Dans le contexte actuel de la crise de la vache folle, des OMG, des eaux contaminées, des enjeux liés aux pertes de diversité biologique, les modes de production respectueux de l'environnement et de l'intégrité biologique des organismes gagnent la faveur d'un public de plus en plus large. Les arguments écologiques et économiques convergent de plus en plus. L'agriculture biologique, la lutte intégrée, l'aménagement forestier écosystémique, la seconde et la troisième transformation, les moyens sont là, les assises sont solides. Il faut savoir faire le saut et le moment est propice.

Dans un contexte de mondialisation, de centralisation, comment éviter de se sentir marginalisé? Les grands centres urbains canadiens se concertent face aux gouvernements afin d'assurer leur développement. Les régions rurales devront aussi miser sur la solidarité et développer des stratégies communes. L'ouverture sur le monde devient une priorité. Se sentir à l'écart ne doit pas devenir une excuse pour éviter de contribuer aux grands enjeux mondiaux. Les économies d'énergie, la réduction des gaz à effets de serre, ça nous concerne tous. Penser globalement et agir localement demeure toujours le mot d'ordre.

On dit de la diversité biologique qu'elle contribue à la résilience des écosystèmes, c'est à dire à leur capacité à absorber les perturbations et à se maintenir. Je pense que l'analogie se tient. La diversité d'une région, diversité humaine, diversité des opinions, diversité des modes de production, diversité des produits, diversité des solutions, contribue certainement à sa stabilité ou sa durabilité si on préfère. La différence, on peut la tolérer, on peut la respecter. On peut faire mieux encore, on peut l'encourager. Voilà pour les principes. Maintenant, si vous voulez savoir à propos du Témiscamingue, il faudra y aller.

Suzanne Brais, à la demande du Conseil régional de l'Environnement de l'Abitibi-Témiscamingue (CREAT)