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Bilan des années Charest
Un fédéralisme néfaste pour le Québec
LA DÉPÊCHE NUMÉRO 60  -  ÉDITORIAL  -  15/08/12

JEAN CHAREST DANS L'OMBRE DE STEPHEN HARPER
 
 

Stephen Harper et son parti représentent très bien une grande proportion des Canadiens vivant hors Québec. Ces Canadiens sont persuadés, à tort, que le Québec est la province la plus chouchoutée du Canada depuis des décennies. À ses côtés, Jean Charest peut difficilement faire croire aux Québécois que c’est une bonne chose pour le Québec de demeurer au sein de la fédération canadienne.
  
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Difficile de saisir la vision qui a guidé le gouvernement du Parti libéral du Québec (PLQ) depuis son élection en 2003. Il est vrai que Jean Charest a souvent dérogé de l’itinéraire promis en campagne électorale. Mais si on considère qu’il s’est donné pour mission d’empêcher le Québec de quitter la fédération canadienne coûte que coûte, le cheminement devient plus clair.

Juillet 2006, sur le plateau de TV5 à Paris, Jean Charest s’échappe en reconnaissant que le Québec a les moyens nécessaires pour devenir un État indépendant. Depuis ce rare faux pas, Jean Charest a travaillé fort pour réduire les chances qu’une telle chose se produise. Non pas en améliorant le fédéralisme, sachant très bien qu’une réforme constitutionnelle est impossible, mais par une pléthore de décisions qui à court, moyen et long terme affaibliront les capacités d’indépendance du Québec. Réécriture des livres d’histoire, anglicisation des jeunes Québécois à l’école, garderies sous contrôle de généreux donateurs libéraux, augmentation de l’immigration à des niveaux records tout en réduisant les programmes de francisation et d’intégration des nouveaux arrivants à la majorité québécoise, laxisme dans l’application de la loi 101, augmentation faramineuse de la dette québécoise... Mais surtout, pour faire obstacle à l’indépendance du Québec, il faut garder le pouvoir à tout prix. Et pour ce faire, Jean Charest a compris depuis longtemps qu’avec au moins 25 comtés anglophones et allophones quasi acquis inconditionnellement au PLQ, la division du vote francophone dans une quarantaine de comtés est suffisante pour lui assurer la victoire.


LE PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC ET LA CORRUPTION
 
 

Malgré ses tentatives de diversion, le Parti libéral du Québec a beaucoup de difficultés à se dissocier de l'image de corruption qui l'afflige. Lisez La Dépêche numéro 60 pour en savoir plus.
  
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Diviser pour mieux régner
Élections générales de 1998, le PLQ obtient 1 771 858 votes valides. Insuffisant. Le Parti québécois (PQ) de Lucien Bouchard est réélu majoritaire. Élections de 2003, le PLQ obtient 1 755 863 votes. Surprise! Avec quelques votes en moins, Jean Charest obtient son premier mandat majoritaire. La différence? La division du vote francophone.

Lors du déclenchement des élections de 2003, le PQ jouit d’un taux de satisfaction exceptionnellement élevé pour un parti qui sollicite un troisième mandat. Le PQ maintenant dirigé par Bernard Landry semble se diriger vers une victoire facile. Survient le débat où Jean Charest piège le chef péquiste sur une question portant sur une soi-disant déclaration de Jacques Parizeau. Dans un environnement médiatique qui conditionne les électeurs à déterminer de plus en plus leur choix à partir de la performance des chefs lors du débat télévisé, l’effet est dévastateur. Ajouter à cela les sondages quotidiens de TVA qui encouragent l’électorat à changer leur intention de vote, et vous avez le résultat : un gouvernement libéral majoritaire de justesse, mais qui rapidement atteindra des records d’insatisfaction.

Début 2007, l’impopularité du PLQ est si grande que les chances de réélection pour un deuxième mandat sont quasi nulles. Une tentative de putsch contre André Boisclair maintenant à la tête du Parti québécois est l’occasion inespérée par Jean Charest pour déclencher des élections précipitées.

Avec une baisse à 1 313 664 votes, le PLQ n’obtient pas un gouvernement majoritaire, mais il se maintient au pouvoir devant une opposition plus divisée que jamais : le PQ a 1 125 546 des suffrages et l’Action démocratique du Québec (ADQ) avec 1 224 412 devient l’opposition officielle. Contrairement à ce que prétendaient plusieurs médias à l’époque, l’élection de 2007 ne fut pas la pire performance du PQ, mais plutôt la pire du PLQ en 140 ans d’histoire. Un résultat qui devrait d’ailleurs faire réfléchir ceux qui prônent un mode de scrutin proportionnel encourageant l’appui à une multitude de partis politiques au Québec favorisant encore plus le maintien au pouvoir du PLQ.


AU CENTRE BELL ON FAIT BEAUCOUP POUR SATISFAIRE LES ANGLOPHONES
 
 

Au Centre Bell, on en fait beaucoup pour satisfaire la clientèle anglophone. Lisez La Dépêche numéro 60 pour en savoir plus.
  
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Il faut dire que, même sans proportionnelle, bien des médias ont contribué à la prolifération des partis au Québec par la diffusion de sondages peu scientifiques et d’analyses biaisées. Une piètre qualité d’information qui n’influence pas seulement des électeurs, mais aussi des politiciens qui peuvent prendre de mauvaises décisions stratégiques.

En 2008, en promettant de ne pas faire de déficit (sic), le PLQ se retrouve les deux mains sur le volant juste en conservant 1 366 046 voix. Une division du vote encore plus favorable au PLQ dans les comtés francophones et un très faible taux de participation (57,43 %) aidera quelques députés supplémentaires de Jean Charest à se faufiler entre les candidats de l’opposition.

Aujourd’hui, aussi irresponsable et coûteuse qu'elle puisse l’être, Jean Charest mise sur une crise étudiante qui exacerbe et divise l’opposition à son gouvernement en plus de réaliser une diversion aux scandales de corruption qui l’affligent.

Est-ce qu’il remportera son pari de réélection? Peut-être pas. Mais si le Parti québécois remporte les prochaines élections, il aura à réparer tout un gâchis social et financier qui pourrait le rendre bien impopulaire pour tenir un référendum gagnant sur la souveraineté. Encore là, les médias qui favorisent en général le statu quo fédéraliste joueront un rôle de premier plan pour influencer l’opinion publique. Mais la question fondamentale demeure:«Est-ce que c’est dans l’intérêt du Québec de sortir de la fédération canadienne?»


Loco locass
 
 

Loco locass en entrevue et en photo. À lire dans La Dépêche numéro 49.
  
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Historiquement, c’est l’Ontario qui a été privilégié politiquement et économiquement depuis 1867 (pensons seulement avec quelle facilité la province a pu prendre de l’expansion territoriale et le favoritisme dont elle a bénéficié dans l’établissement de son industrie automobile). Un fait qui a exacerbé les récriminations de l’Ouest canadien envers le Canada central, mais où le Québec servait de bouc émissaire à l’Ontario. En effet, alors que les revendications légitimes du Québec monopolisaient l’attention, l’Ontario a longtemps pu consolider sa domination au sein du Canada. Résultat, aujourd’hui, plus que jamais, la plupart des Canadiens hors Québec n’ont pas beaucoup d’estime envers les Québécois comme le confirme un sondage publié le 29 juin dernier où ils considèrent que le Québec est la province la moins bien gérée, qu’il s’agit du pire endroit pour lancer une entreprise, du lieu où les gens sont les moins sympathiques et que ce ne serait pas un drame si le Québec se séparait du Canada. La bonne nouvelle pour faciliter le divorce : le gouvernement Harper est au diapason avec ces Canadiens.


BASEBALL WEST ONTARIO
 
 

Des microbillets de joueurs de baseball du Canada anglais révèlent qu'ils peuvent parfois trouver les Québécois sympathiques. Lisez La Dépêche numéro 60 pour en savoir plus.
  
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Le Québec plus perdant que jamais
Pour mieux comprendre l’attitude du Parti conservateur du Canada actuel, il faut se rappeler ses origines réformistes qui le dominent depuis la fusion de 2003. Le Reform party a été fondé six mois après la signature de l’Accord du lac Meech. C’était déjà là une réponse de l’Ouest canadien envers le Québec considéré comme le chouchouté de la fédération canadienne. Dans ce contexte, pour les réformistes, la sécession du Québec ne doit pas être évité à tout prix. Dans cet état d’esprit où le Québec peut quitter la fédération à tout moment, on peut comprendre que le gouvernement de Stephen Harper réduise au minimum les investissements au Québec. Ainsi, c’est vraiment à la dernière minute qu’Ottawa acceptera la réfection à rabais du pont Champlain ou le remboursement de l’harmonisation de la TPS sans payer d’intérêts pour le délai. Bref, si le Québec a souffert de beaucoup d’iniquités depuis la Conquête, l’idéologie conservatrice et bien représentative d’une grande portion du reste du Canada désormais au pouvoir à Ottawa rend le Québec au sein du Canada plus perdant que jamais.

Dans son édition du 1er juillet 2010, le Globe and Mail prédisait que le Québec devrait devenir d’ici 2057 la province la plus pauvre du Canada, sans la moindre influence politique, mais devrait conserver les meilleurs restaurants du pays. Ouf!

Plusieurs Québécois n’ont pas prêté beaucoup de crédibilité à ces affirmations futuristes reposant sur des préjugés. Mais si on considère les iniquités historiques et aujourd’hui galopantes envers le Québec, cette prédiction devient beaucoup plus réaliste et pourrait se réaliser bien avant 2057. À moins que le Québec ne décide enfin de faire cavalier seul.