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La Dépêche

L'avenir du développement minier en Abitibi-Témiscamingue
Le SEUAT somme les élus de la région d'intégrer
le volet environnemental dans leur analyse

(Rouyn-Noranda, le 23 février 2010) Le Syndicat de l’enseignement de l’Ungava et de l’Abitibi-Témiscamingue (SEUAT) croit qu’il est grand temps d’exposer publiquement les inquiétudes de ses membres face à l’attitude des différents élus de la région dans le dossier de l’exploration et de l’exploitation minière en région. «Malheureusement, nous sommes forcés de constater que bon nombre des politiciens de la région, tant au pallier municipal que provincial, font preuve d’une complaisance historique à l’endroit de l’industrie minière en Abitibi-Témiscamingue», fait remarquer monsieur Marc Nantel, président du SEUAT. 
 
Il est à souligner que  le respect de l’environnement et le développement durable font partie des préoccupations centrales des enseignantes et des enseignants représentés par le SEUAT, tout particulièrement chez les plus jeunes. La popularité toujours croissante des «Établissements verts Brundtland» au sain des écoles de la région en est une preuve vibrante.
 
«La prolifération des annonces d’exploitation de mines à ciel ouvert fait trembler toute personne sensée qui voit d’un oeil critique cette forme d’exploitation sans balise. Seulement, nous nous désolons de retrouver parmi les élus de la région, des politiciens qui semblent évacuer en quasi-totalité le volet de la préservation de l’environnement et de la qualité de vie des citoyens de l’analyse qu’ils font du développement minier en région au profit de la sacrosainte création d’emplois et de l’apport de la richesse en région», indique monsieur Marc Nantel.
 
Le débat qui se tiendra les 19 et 20 mars prochain, selon le président de la Conférence régionale des élus, monsieur Ulric Chérubin, sera une bonne occasion d’écouter la population au sujet de l’avenir du développement minier dans la région. Évidemment, il affirme que la CRÉ aura une écoute attentive et qu’elle s’inspirera de la teneur des échanges qui s’y tiendront  pour orienter le rapport qui devrait conduire à cibler des modifications à apporter à la Loi sur les mines. Cependant, du même souffle, monsieur Chérubin laisse entendre que le débat risque de se cristalliser en deux camps: les pours et les contres. Quant aux élus,  ceux-ci auront la responsabilité de représenter l’ensemble de leurs commettants. «Devons-nous entendre par cette déclaration que la CRÉ pourrait être tentée d’adopter une orientation populiste et ainsi se défiler devant ses responsabilités à l’égard de la préservation de l’environnement et du développement durable?», questionne monsieur Nantel.
 
Entre temps, le SEUAT se désole que ni la CRÉ ni monsieur Chérubin n’aient indiqué que le paramètre environnemental sera l’élément fondamental qui guidera dans l’avenir les décisions de la région. Au contraire, l’expérience récente démontre que l’argument purement économique a été amplement utilisé par les élus pour convaincre la population du bien fondé des différents projets annoncés dans les dernières années. Les membres du SEUAT craignent  que, dans le débat qui a cours actuellement, les élus fassent fi de tout l’argumentaire démontrant la nécessité de forcer l’industrie minière à se discipliner, notamment en ce qui a trait au remblaiement des fosses dans le cas des mines à ciel ouvert. Pourtant, plusieurs sont d’avis qu’il serait économiquement très rentable pour la région d’exiger que l’industrie procède, au terme de ses activités d’exploitation, au remblaiement des fosses. «Dans un tel projet, par exemple dans le cas d’Osisko à Malartic, certains avancent que le remblaiement de la fosse rapporterait 125 millions dans la région et s’étalerait sur une période d’environ six ans. Sommes-nous si en moyens que nous pouvons laisser aller entre les mains d’actionnaires étrangers tout cet argent?», soulève monsieur Nantel.
 
De l’opinion de bon nombre des enseignantes et des enseignants représentés par le SEUAT, la courte vue de certains des élus de la région au regard du développement minier dans la région est déconcertante. Évidemment, tous comprennent que le capital politique à gagner est plus grand avec l’annonce de l’ouverture d’une mine plutôt que de défendre les préoccupations environnementales qui affecteront le bien-être des générations futures. À quand un politicien qui pense plus loin que son mandat?
 
Le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue est déjà criblé de trous et contaminé par des bassins de rétention des exploitations minières passées et actuelles.  «Au SEUAT, nous croyons fermement que nous ne pouvons rester muets devant un tel laxisme de la part de nos élus qui se limitent à la seule analyse économique lorsqu’ils ont à se prononcer dans ce dossier. En tant qu’enseignantes et enseignants, nous croyons qu’il est de notre responsabilité de nous préoccuper de l’avenir de nos jeunes et nous crions haut et fort à nos représentants de se ressaisir devant les chants des Sirènes», mentionne monsieur Nantel.
 
Si rien n’est fait pour apprivoiser l’actuel boum minier, nous ferons face dans quelques années à une région complètement dévastée. Certes, nous aurons pu jouir pendant quelques années d’un grand confort économique mais malheureusement, au détriment des générations futures. Tous ceux qui auront pu faire fortune pourront déménager au sud dans des lieux bucoliques pendant que les autres seront contraints de demeurer dans un territoire ravagé.
 
«Il est grand temps d’en arriver à des mesures visant à discipliner l’industrie minière au regard de l’exploration et de l’exploitation des ressources minérales de la région mais sans le concours des élus qui sont sensés nous représenter, cet objectif apparaît inatteignable», conclut monsieur Nantel.